Des ustensiles de chauffage d’appoint sont identifiables dans des chambres d’accouchées, notamment pour réchauffer les langes des scènes de naissance (dont Anne, Marie, ou Jean Baptiste) ; au pied de fileresses pour chauffer les dents des peignes pour qu’elles fassent fondre le suint résiduel conservé dans les fibres et facilitent le démêlage ; pour chauffer l’espace liturgique ; à proximité de canonniers ; et parfois près de bourreaux.
Comme souvent, il est difficile de déduire le matériau utilisé à la seule vue des représentations, si précises soient-elles, mais quelques artefacts sont parvenus jusqu’à nous, en fer ou bien en céramique. L’Espagne nous a laissé des braseros mobiles en fer forgé de style roman, bien que la plupart soient datés d’au moins la fin du XIII°s. ou du début du XIVe siècle.
Braseros en métal, utilisation en intérieur
Ces trois braseros en fer forgé, au motif de volutes adossées, dotés de roulettes et de potences portant de larges anneaux dans lesquels on peut glisser des bâtons afin de faciliter le déplacement pourraient être des modèles ou en tout cas l’inspiration pour un certain nombre de tableaux représentation la naissances.
D’autres braseros à roulettes sont repérables sur des tableaux, avec un caisson plus bas et sans potence aux quatre angles. Certains sont dotés de roulettes, mais ça ne semble pas systématique. Deux poignées latérales sont souvent visibles.
Les mêmes modèles sont repérables sur des miniatures de manuscrits à peinture.
Un modèle de plus grandes dimensions est conservé à Noyon : dimensions de l’ensemble : h = 61 ; la = 69,5 ; pr = 56. Dimensions du foyer : l = 34 ; la = 32. Ce chariot à braise est peut-être daté du XIV°s. Il pouvait aussi bien chauffer l’espace liturgique que fournir des braises pour alimenter l’encensoir.
Un autre haut modèle, doté d’un toit, dans la cathédrale de Beauvais, qui compte deux chariots, l’un plus récent que l’autre. Celui qui nous intéresse serait daté de la fin XV°s (le deuxième lui ressemble beaucoup, en plus « industriel »). Le toit aurait été ajouté plus récemment. Dimensions totales : h = 132 ; la = 45 ; pr = 45.
Un modèle fer et cuivre (cuivre pour la cuvette, fer pour le trépied) au musée d’Art de Cleveland provient de Sienne (Italie), il est estimé première moitié du XV°s. Hauteur totale : 116,8 cm.
Certains réchauds ne sont pas rectangulaires (ni carrés). Ils semblent en métal, avec des anneaux de préhension diamétralement opposés.
Réchauds à usage professionnel
La couleur utilisée est celle du métal. Métal ou céramique ? Difficile de trancher, les deux sont plausibles.
D’autres modèles ronds et probablement en céramique, pour réchauffer des individus ou des objets.
Parfois, le pot à feu circulaire est protégé et posé dans une caisse en bois probablement remplie terre ou bien de sable. C’est le cas pour ces peigneurs-cardeurs de laine.
Je pense que le fond n’est pas en bois mais bien en terre ou sable, comme les deux peigneurs car le motif n’est pas celui habituellement utilisé pour montrer les veines du bois.
Pots à feu, utilisation en intérieur
Braseros en extérieur
Une utilisation en extérieur est représentée sur des champs de bataille employant des armes… à feu.
Chaufferettes à mains
Encore plus mobiles et encore mieux transportables, il existe les chaufferettes à mains. Les modèles médiévaux étaient sphériques, d’un diamètre d’environ 10cm. La sphère s’ouvre par le milieu par une charnière et peut se verrouiller avec un petit loquet. Les modèles non ajourés peuvent contenir des braises sans risque d’incendie. Les modèles un peu plus récents (dès le XVI°s.) sont ajourés et contiennent eux aussi un dispositif gyroscopique, assurant la stabilité d’une minuscule lampe à huile.
Le musée de Cluny possède également un hémisphère de chaufferette. Et il y a deux chaufferettes similaires du XVI°s au musée de la Renaissance d’Ecouen : une et deux.
On devine un dispositif à double pivot à l’intérieur mais il n’est pas possible de savoir sur cette seule photo si c’est pour recevoir des braises ou une mini lampe à huile.
Cette petite lampe à huile est estimée XVI°s., le dispositif de suspension est bien visible ; le musée précise qu’il est connu depuis au moins le XIII°s. et figure dans le carnet de Villard de Honnecourt (cliquez pour lire) ; le cartel indique également que la plus ancienne mention de chaufferette dans un inventaire remonte à 1214 à cathédrale de Salisbury.
Les chaufferettes du musée de Cluny et d’Halberstadt (img 46 et img 47) sont ornées de scènes religieuses : elles étaient probablement utilisées par des prêtres lors de la célébration des offices dans des églises glaciales, afin de ne pas laisser échapper des objets à caractère sacré avec des doigts gourds. Les chaufferettes étaient déjà utilisées à l’époque carolingienne, mais ce n’est qu’à partir de la fin du 12e siècle qu’elles furent produites en grand nombre, surtout dans la région Rhin-Meuse, en Angleterre et à Paris. Il semblerait que seulement 11 artefacts médiévaux complets soient parvenus jusqu’à nous. [01]lire https://nat.museum-digital.de/object/1229937 et https://de.wikipedia.org/wiki/W%C3%A4rmekugel.