Les supports d’écriture sont parfois un simple plateau (fig. 3), parfois un grand pupitre sur pied (fig. 1), parfois un petit pupitre posé sur une table (fig. 6).
Lorsque l’on écrit, traduit, étudie ou professe, il peut être nécessaire de pouvoir consulter plusieurs ouvrages simultanément. On peut alors couvrir une vaste table avec beaucoup de livres ouverts, ou bien installer un carrousel à livres à proximité du pupitre sur lequel on travaille.
Ce carrousel, beaucoup plus simple que la roue à livre (fig. 2) qui apparaîtra plus tardivement, peut prendre diverses formes ; l’intérêt en est qu’il puisse recevoir plusieurs ouvrages ouverts, consultables alternativement en faisant tourner le carrousel.
Illustrés dans des manuscrits à peinture dès le début du XIVième siècle (fig. 3), ces carrousels présentent différents aspects, leur point commun étant – forcément – de disposer d’un axe central leur permettant de tourner.
Selon leur forme, ces dispositifs peuvent héberger de deux livres à une bibliothèque entière.
Emplacement
Les carrousels sont représentés sous forme de colonne indépendante située à proximité (fig. 3, 6) ou non (fig. 7) d’un pupitre, ou sous forme de colonne posée sur le côté du plateau d’une table de travail (fig. 4). Ces colonnes sont formées d’un mat qui traverse un ou plusieurs supports et servant d’axe pour permettre au support de tourner sur eux-mêmes, ledit mat étant enfiché dans un large pied stabilisateur (ou la table de travail elle-même).
Le cas d’un carrousel placé au centre d’une table de travail travail sera considéré comme un carrousel composé.
Forme du support
Supports inclinés
Ceux ayant la plus faible capacité d’exposition sont de simples pupitres, bifaces, permettant de disposer deux ouvrages dos à dos (fig. 5). Si l’on a peu de livres et pas d’ange disponible (fig. 5), cela peut faire l’affaire…
Une forme conique plus volumineuse permet d’exposer plus d’ouvrages ouverts (fig. 6). Comme sur les pupitres bifaces, les ouvrages sont adossés au plan incliné et posés sur une réglette les empêchant de tomber.
Supports plat
De larges disques permettent une exposition à plat de plusieurs ouvrages (fig. 7), que l’on peut même superposer (fig. 8). Ces disques peuvent être lisses (fig. 7) ou bien couronnés d’une bordure (fig. 8). Ce rebord peut aider à retenir divers objets de travail, encrier, plume, calame, rouleau…
Le mat
L’axe apparaît parfois comme un pas de vis (fig. 5), sans qu’il soit vraiment possible de déterminer s’il est fonctionnel et destiné à modifier la hauteur des supports ou s’il s’agit d’une simple préoccupation esthétique moins sophistiquée que la décoration d’autres mats (fig. 7).
La seconde solution a ma préférence, car une gestion de la hauteur demande un dispositif particulier pour bloquer un support à une hauteur précise et limiter l’action de la gravité.
Cependant, certains dessins montrent un dispositif suffisamment complexe (peut-être des bloqueurs, des contre-écrous ?) pour envisager un pas de vis efficient permettant de régler la hauteur des tablettes (fig. 9, 17).
Les deux possibilités ne s’excluent pas mutuellement et ont pu cohabiter.
La partie supérieure du mat traversant le carrousel est parfois utilisée comme potence pour soutenir une lanterne ou une lampe (fig. 9). Les ouvrages peuvent y être adossés pour être plus lisibles ou y écrire plus commodément (fig. 11).
La plupart des carrousels ont un seul axe de pivot, mais certains sont plus élaborés et se trouvent au bout d’un bras qui permet d’approcher ou d’éloigner le carrousel du lecteur. C’est ainsi qu’est construit ce mini carrousel en forme de pupitre biface (fig. 10).
Composition des carrousels
Les colonnes, disposées à côté ou sur le pupitre, peuvent être composées d’un seul ou de plusieurs supports.
On peut trouver jusqu’à trois niveaux superposés.
Le plus souvent, les étages semblent mobiles indépendamment les uns des autres. Plus rarement, ils sont solidaires et visiblement reliés par des colonnettes (fig. 12).
Parfois le doute existe (fig. 13, 14) : le plateau le plus bas est-il un carrousel ou un plateau fixe ?
La base de la colonne n’est pas un espace perdu, elle reçoit parfois des instruments d’écriture aussi bien que des ouvrages fermés (fig. 11, 15, 16).
On trouve aussi bien des supports plats combinés ensemble, que des ensembles pupitre double et support plat.
Lorsque plusieurs disques sont combinés, le diamètre des disques décroit du bas vers le haut (fig. 12, 13) pour des raisons de commodité évidentes.
Lorsqu’un pupitre biface et un disque sont combinés, le pupitre peut aussi bien se trouver au-dessus (fig. 14) qu’au-dessous (fig. 15) du disque. Un disque peut également se trouver encadré par deux pupitres bifaces de tailles différentes.
Carrousel pour lire ou pour écrire ?
Des copistes n’ont pas de pupitre séparé et sont représentés écrivant directement sur un étage du carrousel, que ce soit en appui sur un disque plat (fig. 11) ou un pupitre biface (fig. 15, 16).
D’autres copistes, plus fortunés ou plus encombrés, disposent de deux colonnes de carrousels distinctes (fig. 10, 17).
Le choix de la composition du carrousel et de la disposition des supports de lecture et d’écriture dépendent peut-être du rôle de l’utilisateur [01]Erik Kwakkel : https://medievalbooks.nl/2018/11/02/medieval-book-carousels/ : est-ce qu’il traduit ? Est-ce qu’il copie ? Est-ce qu’il compile ? Est-ce qu’il étudie ? Est-ce qu’il enseigne ? Est-ce qu’il crée ou dicte ? Est-il assisté d’un de ces scribes qui utilisent leur genou (fig. 5, 7, 18) ?
[edit 2/08/2019] Biblissima présente ici toutes les roues à livres identifiées dans les notices de la BNF.
Les ouvrages cités ici proviennent des bases Gallica, Initiale et des sites Bibliothèque public de New York et British Library. Les photos leur appartiennent.
Notes
⇧01 | Erik Kwakkel : https://medievalbooks.nl/2018/11/02/medieval-book-carousels/ |
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