Les étapes nécessaires à l’obtention d’un vêtement sont nombreuses et variées. Beaucoup de blogs en parlent de façon fragmentaire, je vais tenter l’exercice de survoler la chaîne de production dans sa globalité en étant suffisamment précise mais sans rentrer trop dans le détail.
Pour une compréhension approfondie du processus, je vous encourage vivement à étudier les travaux de Dominique Cardon à commencer par son incontournable thèse : « La Draperie au Moyen Âge. Essor d’une grande industrie européenne », qui est une vraie référence (malheureusement, l’ouvrage commence à dater, il n’a toujours pas été ré-édité et est trop souvent proposé à des prix prohibitifs). En ligne, je suggère la lecture de cet ouvrage de Jean-Louis Roch : La draperie en Normandie au Moyen Âge https://books.openedition.org/purh/5460.[01]Roch, Jean-Louis, Un autre monde du travail. La draperie en Normandie au Moyen Âge, Mont-Saint-Aignan. PURH 2013 https://books.openedition.org/purh/5460
Commençons par les bases du traitement de la laine (de mouton) pour en faire un drap, ce qui ira de la tonte… à la tonte (hé oui), en passant par le nettoyage de la toison, le peignage de la toison, le filage de la toison, le tissage des fils, la teinture de l’étoffe (ou des fils), le foulonage de l’étoffe, le cardage de l’étoffe.
Personne n’ignore que la laine de mouton est du poil de mouton, qui pousse en permanence, et dont l’animal d’élevage doit être débarrassé régulièrement une fois par an[02]la laine étant un excellent isolant, l’excès de toison sur un mouton finissant par feutrer peut conduire à sa mort en l’empêchant de réguler sa température par temps chaud (img. 1).
Sur un même mouton, la toison est constituée de fibres de caractéristiques différentes, dont des fibres fines et douces qui constitueront une laine prisée pour les vêtements et des fibres plus grossières, la jarre, qui sont plus résistantes mais inconfortables dans un vêtement et qui ne sont pas conservées dans l’optique qui nous intéresse.
La nature de la toison varie selon les races de moutons : la race mérinos est réputée produire parmi les fibres les plus fines utilisables pour des vêtements en contact avec la peau.
Sans surprise, les fibres les plus fines, sans être les plus courtes, ne sont pas les plus longues…
La toison se prélève à l’aide de grandes forces [03]il s’agit d’une paire de lame tranchantes unie par un talon commun faisant ressort : le seul geste à effectuer est de fermer les lames à pleines mains, l’ouverture est assurée par le ressort, ce qui demande deux fois moins d’efforts qu’avec une paire de ciseaux emprisonnant les doigts https://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_%28outil%29. Une fois prélevée, elle est triée en lots homogènes qui seront utilisés selon la qualité de fibre et/ou la couleur. La tonte montre indifféremment des hommes ou des femmes opérant (img. 2, 3).
Les lots destinés au filage (la laine est également utilisée propre mais brute pour garnir des matelas ou des coussins, mais ce n’est pas l’objet du présent billet) sont lavés soigneusement pour éliminer la plus grande partie du suint, une protection naturelle de la toison. Ils sont également nettoyés, débarrassés des salissures et débris végétaux. La toison étant vendue au poids, il est considéré comme une fraude de vendre des toisons alourdies de trop de suint et encrassées : elles doivent être vendues correctement nettoyées mais pas totalement dégraissées (un minimum de suint est conservé, il se dit qu’il facilite le tissage).
L’étape suivante est le démêlage, le nettoyage fin des fibres pour continuer à éliminer les menus débris qui vont gêner le filage, l’étirement et l’alignement des fibres dans le même sens.
Les outils utilisés pour le démêlage sont de deux types.
Principalement, et par ordre d’antériorité, il y a d’abord le peigne (img. 4). Une latte de bois peu épaisse, rétrécie à une extrémité pour servir de poignée avec une ou deux rangées de dents en fer cylindriques et acérées disposées perpendiculairement au plan de la latte et de la poignée, à l’autre extrémité.
Le peigne est parfait pour étirer, trier et aligner des fibres longues. Les fibres longues permettent de produire un fil plus résistant que celui obtenu à partir de fibres courtes. Ce sont ces fils résistants et relativement fins qui sont longtemps privilégiés (et même imposés par des règlements de guildes) pour constituer la chaîne[04]les fils de chaîne sont les fils installés sur le métier, qu’il faudra soulever alternativement pour y entrecroiser le (ou les) fil(s) de trame propulsé(s) via une navette des métiers à tisser. Du fait de sa structure, ce fil est peu sensible au feutrage.
Si la trame est également faite de fil fin, le tissu obtenu sera fin et léger et les motifs de l’armure[05]c’est à dire le rythme l’entrecroisement perpendiculaire des fils de l’étoffe resteront visibles même après l’étape de finition du foulage (on dit aussi foulonnage).
Si la trame est constituée de fibres plus courtes, l’étoffe sera plus sensibles au feutrage ainsi qu’au grattage de l’étape de finition du drap car les extrémités des fibres ont tendance à s’échapper de la torsion du fil, et s’entremêleront plus facilement, permettant une finition unie et veloutée (au détriment de la visibilité du motif de l’armure). Une autre option pour faciliter le feutrage est d’inverser le sens de torsion des fils de chaîne et de trame afin d’encore mieux favoriser leur entremêlement. Nous reviendrons sur ces étapes plus loin dans le billet.
Nous pouvons constater au moins trois types de gestes représentés pour tenir les peignes.
Le premier fait intervenir deux peignes mobiles, un dans chaque main (img. 5,6).
Le deuxième utilise un seul peigne (ou un dispositif similaire constitué de longues pointes métalliques dressées), immobilisé dans un support vertical et présentant les pointes vers le ciel. Les mèches de toison sont passés sur les pointes (img. 14, 15).
Le troisième fait intervenir deux peignes, dont un fixe et un mobile (img. 7, 8, 9, 10). La laine n’étant pas totalement dégraissée, et contenant encore du suint qui reste un peu collant, on facilite le glissement des fibres sur le peigne en le chauffant aux braises d’un brasero (img. 7, 8, 9, 10), les dents réchauffées fluidifieront le suint résiduel. Le brasero n’est pas systématiquement présent avec le peigne fixe mais il est là la plupart du temps. S’il n’y a pas de brasero, c’est peut-être qu’il n’y a pas de suint à ramollir ou bien qu’il ne s’agit pas de laine (img. 14, 15). Le brasero à tiédir les peignes n’est pas visible sur les représentations montrant deux peignes mobiles : les toisons ne subissent peut-être pas le même traitement de préparation.
Image 10 – Nuremberg, Bibliothèque municipale, Amb. 317.2° Folio 64 verso (Mendel I). Frère Kunz de la maison de retraite dite des Douze frères de Nuremberg. Le bol contenant les braises semble abrité dans une caisse (remplie de sable ?). vers 1442. Photo Die Hausbücher der Nürnberger Zwölfbrüderstiftungen Projekt
Pour confronter d’autres représentations de peignes, vous pouvez rechercher les représentations de saint Blaise de Sébaste. Il a été lacéré avec des peignes à laine au début du IV° s et son iconographie lui associe soit un cierge soit des peignes (img. 11, 12).
Avec la sélection d’élevage des moutons de type Mérinos fournissant des fibre plus fines (plus douces) mais aussi moins longues, il faut s’équiper d’outils permettant de ne pas perdre les fibres intéressantes mais insuffisamment longues. Cette nouveauté s’installe au cours du XIII° s. en Europe en commençant par la péninsule ibérique.
Les peignes ne font plus aussi bien l’affaire et les cardes à crochets métalliques conviennent mieux. C’est donc le deuxième outil de démêlage, utilisé pour exploiter au mieux les caractéristiques des nouvelles toisons. On parlera de cardes et de cardage, le terme étant connu pour un autre outil utilisé dans une étape de finition de grattage des draps, et construit à partir de capitules de cardères ; nous détaillerons cette étape un peu plus loin.
Dominique Cardon (ça ne s’invente pas) signale qu’il est question de « carde de fer » dès le XII° s. en Espagne, patrie du Mérinos(cardas de ferro page 37 in Cardon Dominique. Des toisons aux étoffes, la deuxième vague d’innovations dans l’industrie lainière médiévale. In: L’innovation technique au Moyen Âge. Actes du VIe Congrès international d’Archéologie Médiévale (1-5 Octobre 1996, Dijon – Mont Beuvray – Chenôve – Le Creusot – Montbard) Caen : Société d’Archéologie Médiévale, 1998. pp. 35-42. (Actes des congrès de la Société d’archéologie médiévale, 6) www.persee.fr/doc/acsam_0000-0000_1998_act_6_1_1111)).
Les cardes métalliques sont, à leurs début, des brosses peu épaisses sur des plaques rectangulaires de la taille d’une main environ et dotées d’un manche. On les utilise deux par deux, chacune dans une main, les brosses se faisant face pour nettoyer les mèches de toison (img. 13 à 16).
Sur deux versions « De claris mulieribus » manifestement copiées l’une sur l’autre (img. 13, 14), il y a deux opérations de démêlage : le démêlage aux brosses rectangulaires et le peignage avec un peigne immobile (et non un peigne mobile fixé). Ce type de peigne particulier est habituellement destiné à peigner des fibres très longues et spécialement le lin plutôt que la laine.
Parfois une des brosses peut être posée à plat sur une table (img. 17). L’activité de peignage illustrée dans l’ouvrage de recensement des « frères » de la maison de retraite de Nüremberg va jusque vers 1500. Par la suite, les autres représentations d’une activité similaire montrent l’utilisation de larges cardes métalliques qui ne sont plus tenues au bout d’un manche mais manipulées à plat sur une table (vers 1610 https://www.nuernberger-hausbuecher.de/75-Amb-2-317b-87-v/data et vers 1656 https://www.nuernberger-hausbuecher.de/75-Amb-2-317b-128-v/data)
Les peignes ne sont pas abandonnés pour autant mais désormais des fils différents sont disponibles en abondance pour les tisserands : des fils fins de fibres longues et peu tordues, résistants et peu sensibles au feutrage ou bien des fils plus épais, de fibres plus courtes et très tordues, très poilus et plus sensibles au feutrage.
L’usage des cardes en métal est censé être contemporain (c’est à dire dès le XIII° s.) de celui de l’arçon (img. 18, 19), un curieux instrument qui nous avait beaucoup intrigués aux débuts du forum et qui est très peu représenté avant le XV° s. Vers la fin du Moyen Âge, saint Jacques le Mineur voit son attribut traditionnel de bâton de foulon transformé en « arc à carder », ou arçon. L’arçon, suspendu en équilibre par une corde à une perche ou au plafond, démêle les agglomérats de toison en utilisant les vibrations d’une cordelette fine tendue sur une baguette flexible. La corde est sollicitée par un maillet en bois (img. 19). La technique proviendrait du Moyen Orient mais elle a peut-être été, comme le zéro, empruntée à l’Inde[06]https://www.aefek.fr/wa_files/przyluski02.pdf.
Les fibres lavées, triées, démêlées, placées dans le même sens sont alors prêtes pour être filées.
Le filage est une activité essentiellement féminine. Parmi les rares hommes représentés occupés à filer, figure quasi exclusivement Sardanapale, réputé être un personnage particulièrement efféminé et montré à cette tâche précisément pour le moquer[07]« Sardanapale, le treizième en succession de Ninus, qui fonda l’empire, et le dernier roi des Assyriens, surpassa tous ses prédécesseurs en luxe et en mollesse. Jamais vu par un homme extérieur au palais, il vécut la vie d’une femme et dépensait ses jours en compagnie de ses concubines, filant le tissu pourpre et travaillant la plus douce des laines. Il revêtit l’habit féminin et se couvrit la face et son corps entier avec des crèmes blanchissantes et des onguents utilisés par des courtisans, le rendant plus délicat que n’importe quelle courtisane. Il prit soin de rendre sa voix féminine au cours de beuveries […] » – https://fr.wikipedia.org/wiki/Sardanapale_(souverain_mythique) .
En Europe à la fin du Moyen Âge on utilise des fuseaux suspendus, et une longue quenouille coincée sous le bras, passée dans la ceinture ou fixée à un support pour libérer les deux mains (img. 20 à 25). Un petit volant d’inertie appelé fusaïole est enfiché tout en bas du fuseau. Le fuseau est manipulé par le dessus, le fil est absorbé et stocké au-dessus de la fusaïole (img. 20).
Plus les fibres sont longues, moins elles ont besoin d’être tordues et plus le fil peut être fin et régulier. Selon la nature des fibres et leur destination, le fil sera dit tordu en S ou Z (img. 21).
Le sens de torsion d’un fil en S ou Z est une convention pour indiquer si le fil a été produit en faisant tourner le fuseau dans le sens horaire ou antihoraire. Vu du dessus, en main droite, si le fuseau est lancé dans le sens horaire (en faisant glisser l’index droit depuis l’extrémité du pouce droit vers l’intérieur du pouce), le fil sera en Z ; si le fuseau est lancé dans le sens anti-horaire (en faisant glisser l’index droit depuis la base de pouce droit vers l’extrémité du pouce) alors le fil aura une torsion en S. On lit cette torsion en regardant le fil à plat : si les spires sont inclinées dans le sens de la barre oblique d’un Z majuscule, alors c’est une torsion en Z ; à l’inverse, si les spires suivent le sens de la barre oblique d’un S majuscule, alors c’est une torsion en S (img. 21).
Le sens naturel pour la majorité, droitière, sera le Z, c’est à dire un lancement horaire généré le plus naturellement par la main droite. Le même geste, symétrique à gauche donnera une torsion en S.
Des règlements très précis ont imposé, selon les lieux et les périodes, et selon le tissu visé, de tisser avec des fils de chaîne et des fils de trame de torsion opposée. Ce n’est donc pas un hasard ni une fantaisie des peintres dans les marges si les fileresses sont représentées le fuseau tantôt à droite (img. 22, 24) et tantôt à gauche (img. 8, 23, 25), même si l’immense majorité des fileresses sont représentées filant à main droite. Le filage au fuseau demande de toute façon une égale habileté des deux mains ; le geste naturel (glissement du bout des doigts vers l’intérieur de la main) est le plus facile à reproduire régulièrement, de façon machinale et sans se tromper.
A compter du XIII° s., la roue à filer (qui n’est pas un rouet, un rouet tord et bobine en une seule fois) est timidement tolérée, en partie afin de soutenir l’augmentation de productivité des métiers à tisser horizontaux arrivés dans le XII° s. Elle n’est toutefois acceptée pour commencer que pour produire du fil de trame, celui des deux qui est le moins sollicité lors du tissage. Cette nouveauté est également contemporaine de l’arrivée de l’arçon et provient peut-être d’Inde elle aussi, via les centres de traitement de fibres courtes (celles du coton) en Italie et Espagne. Elle permet un gain de temps considérable : Dominique Cardon a montré que le rapport est de un à trois[08]page 38 in Cardon Dominique. Des toisons aux étoffes, la deuxième vague d’innovations dans l’industrie lainière médiévale. In: L’innovation technique au Moyen Âge. Actes du VIe Congrès international d’Archéologie Médiévale (1-5 Octobre 1996, Dijon – Mont Beuvray – Chenôve – Le Creusot – Montbard) Caen : Société d’Archéologie Médiévale, 1998. pp. 35-42. (Actes des congrès de la Société d’archéologie médiévale, 6) www.persee.fr/doc/acsam_0000-0000_1998_act_6_1_1111.
Peu a peu le fil poilu de fibres courtes produit notamment par les roues à filer gagne du terrain et finit par être accepté également comme fil de chaine en remplacement du fil peigné de fibres longues : cette combinaison permet la création de produits ayant de nouvelles caractéristiques.
Il est difficile de définir qui de la technique ou de la mode a influencé l’autre, toujours est-il que l’exploitation massive de fibres courtes est associée à plusieurs types de nouveaux tissus que nous verrons un peu plus bas.
D’un point de vue technique, il semblerait que la roue à filer ne soit actionnée que dans un sens, dans un geste naturel du bras droit (img. 26, 28). Pour inverser le sens de torsion du fil, on agit sur la courroie de transmission : en la croisant sur le fuseau, elle l’entraine dans le sens inverse (img. 27). Ce qui permet de fournir les deux torsions nécessaires à un enchevêtrement optimal des fibres lors du foulonnage. Même si les dessins ne montrent pas toujours des appareils fonctionnels (la perspective reste aléatoire), les détails sont bien présents.
Le fil obtenu est enroulé depuis le fuseau sur des dévidoirs appelés aspes avant d’être mis en écheveau ou bien en pelote ou en bobine.
Le passage en écheveau n’est pas nécessaire pour un usage domestique : on peut ourdir la chaîne sur le métier à tisser à partir de pelotes issues directement des fuseaux.
Mais les fileresses de métiers vendent leur production au tisserand (ou au drapier) et celui-ci doit pouvoir contrôler qu’il reçoit la bonne longueur de fil en fonction du poids de mèches cardées qu’il leur a confié. Les fileresses dévident leur travail, un fuseau après l’autre (et jamais plusieurs à la fois, ce qui est interdit car cela rendrait l’écheveau indémêlable) sur un aspe dont les mesures sont définies. Le poids de départ, l’épaisseur de l’écheveau constitué, permettent de savoir si le fil a été filé à la bonne grosseur et l’utilisation d’un aspe normé contribue à la standardisation des fils.
Il existe plusieurs sortes d’aspes, des aspes fixes et des aspes rotatifs. Les aspes fixes sont en forme de H. Avec une poignée qui dépasse ou bien avec une préhension par l’axe médian entre les ailes. Certains aspes semblent avoir tous leurs axes dans le même plan (img. 29). D’autres ont très nettement (malgré une perspective mal maitrisée) les deux « ailes » du H perpendiculaires l’une à l’autre et dessinant un volume dans l’espace (img. 30, 31).
Le tisserand va ourdir son métier avec des fils de chaîne, les plus solides et les plus fins, toujours peignés jusqu’à l’avènement de la roue à filer, en torsion en Z dans l’immense majorité des cas.
Le nombre de fils de chaîne est imposé, il définit la densité et la qualité de l’étoffe qui sera produite. Les normes sont strictes pour définir les gammes de produits, mais peuvent varier d’une région à l’autre. La largeur quant à elle est plus ou moins constante, et suit les limites physique de construction du métier et de l’anatomie humaine.
L’ourdissage est une étape délicate et stratégique : il détermine à la fois la longueur et la densité du tissu, mais aussi sa régularité ; en effet, bien qu’assez standardisés et produits pas des spécialistes, les fils peuvent ne pas être strictement identiques, il s’agit donc de les assembler, de les associer de façon judicieuse afin d’assurer un rendu homogène et ne pas créer de défaut.
Dès les XI°s, XII° s., le métier vertical avec la chaîne tendue par des pesons est abandonné au profit des métiers horizontaux à lisses[09]https://fr.wikipedia.org/wiki/Lisse_(tissage) montées sur des cadres pour soulever les fils et à ensouples pour enrouler le tissu et la chaîne vierge. La plupart des métiers horizontaux représentés ne sont pas véritablement fonctionnels, mais les principaux éléments sont bien présents (img. 33, 34).
Le tisserand chargera ensuite sa navette de fil de trame, qui peut être de même nature et de même torsion que le fil de chaîne auquel cas, on obtiendra un tissu peigné, fin, qui laissera bien voir l’armure[10]c’est à dire le rythme l’entrecroisement perpendiculaire des fils car au foulage il aurait du mal à entremêler les extrémités des fibres longues qui ne ressortent pas ou peu de la torsion.
Si le fil de trame est de torsion inverse (peigné ou non), le tissu sera plus sensible au foulage et l’armure sera un peu moins visible.
Dans le cas où chaîne et trame sont peignées, le tissu est appelé worsted en anglais[11]terme qu’une certaine blogueuse utilise tel que sans le traduire, peut-être par ignorance de ce qu’il désigne réellement. C’est avec cette combinaison que l’on obtient le tissu le plus fin, le plus lisse, le plus brillant et celui où les motifs de l’armure seront le mieux visibles même après la finition.
L’immense majorité des étoffes sont tissées de fil simples. Seuls certains ouvrages, dont les couvertures, ou certaines parties d’ouvrages, comme les lisières, sont constitués de fils retors ou câblés ou associés (plusieurs fils dans le même trou de lisse).
Le tissage n’est pas la dernière étape de fabrication du tissu de laine. Il reste au moins à le teindre.
Selon les modes, les goûts, les périodes, un rouleau de tissu peut subir plusieurs bains successifs de teinture. En effet, à l’inverse des colorants modernes (ou des peintures), les pigments de teinture ne se mélangent pas entre eux, mais il est parfaitement possible de procéder à des superpositions de couleurs, notamment pour obtenir des grenats, des violets, des bruns foncés, des verts ou même du noir. Les théoriciens qui prétendent que les mélanges étant mal vus au Moyen Âge ils ne sont pas pratiqués, sont loin des réalités concrètes.
L’étape ou plutôt les étapes auxquelles intervient la teinture ne sont pas immuables.
De façon générale, la teinture en écheveaux est peu pratiquée, voire interdite[12]comme à Reims en 1292, page 21 in « Demaison Louis. Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1928, tome 89″. pp. 5-39. DOI : https://doi.org/10.3406/bec.1928.448812 www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448812 : la teinture, en un ou plusieurs bains, est principalement effectuée sur les toisons (img. 36) ou sur les tissus (img. 37). Certains tissus marbrés ont pu être obtenus en filant ensemble des fibres teintes en toison de couleurs différentes.
L’étude des Archives Datini (un marchand italien) présentant des échantillons de draps associés à des commandes (et la descriptions des draps concernés) par D. Cardon[13]Cardon Dominique. Échantillons de draps de laine des Archives Datini (fin XIVe siècle, début XVe siècle). Analyses techniques, importance historique. In: Mélanges de l’École française de Rome. Moyen-Age, tome 103, n°1. 1991. pp. 359-372. https://www.persee.fr/doc/mefr_1123-9883_1991_num_103_1_3158 nous apprend que certains pièces ont été teintes « en toison » avant filage puis mordancées à l’alun, puis soumises à une autre couleur « en pièce » après tissage (vert n°1173 vert foncé, respectivement en bleu puis en jaune et peut-être un troisième en rouge léger), et même après foulonnage ( n° 1173 paonace, respectivement en bleu et en rouge) ; pour un autre, une seule couleur, mais après foulonnage également (n° 1173 écarlate, cochenille du kermès).
La teinture est confiée à des ateliers de teinturiers dont chacun a sa spécialité : teinture à froid (pastel, appelé guède ou wède), teinture à chaud (gaude – à ne pas confondre avec guède-, garance…), teinture végétale (pastel…), teinture animale (cochenille du kermès)… Les recettes ne sont pas parvenues jusqu’à nous (ni la température des bains, ni la durée, ni la densité de pigments), certains pigments requièrent un mordançage de la laine (un bain dans une substance, en général à l’alun, qui soulève les écailles de la fibre, permettant au pigment de se déposer bien à coeur) mais pas tous (inutile avec le pastel par exemple).
Les bains chauds seront appliqués en dernier ; ainsi pour obtenir du violet, on procèdera d’abord au bain de pastel (bleu) qui se fait à froid puis au bain de garance (rouge), ce qui se dira : « garançage sur pied de pastel », le premier bain de teinture appliqué prenant le nom de « pied ». Du rouge kermès ou rouge garance, sur pied de bleu pastel donne le noir grand-teint médiéval appelé brunette, une étoffe de prix. Cet ordre est même imposé dans des règlements[14] page 25, in « Demaison Louis. Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1928, tome 89″. pp. 5-39. DOI : https://doi.org/10.3406/bec.1928.448812 www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448812.
Certaines recettes, reconnues plus corrosives que d’autres sont interdites sur les tissus de bonne qualité ; par exemple, « le noir de chaudière » qui fait intervenir de l’acide, de la limaille de fer et des tanins de noix de galle n’est toléré que sur des tissus de qualité inférieure[15]page 25, in « Demaison Louis. Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1928, tome 89″. pp. 5-39. DOI : https://doi.org/10.3406/bec.1928.448812 www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448812.
D’autres, à base de noyer doivent être appliquées après d’autres bains « pieds »[16]in Boris Bove, « Une sombre affaire de teinturerie : organisation corporative et territoires de production à Saint-Denis à la fin du xive siècle », Médiévales [En ligne], 69 | automne 2015, mis en ligne le 30 novembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/medievales/7611 ; DOI : https://doi.org/10.4000/medievales.7611.
A l’inverse, il va de soi que les pigments les plus coûteux comme la cochenille du chêne kermès, aussi appelée grain de kermès ou simplement grain, sont réservés aux étoffes les plus raffinées. L’écarlate, le drap de laine le plus cher peut être tissé de différentes façons maisest toujours un drap teint au grain.
La teinture est bien affaire de spécialistes, les ingrédients et les dosages n’étaient probablement pas connus du « grand public », qui ne dispose pas forcément non plus des grands récipients nécessaires à l’opération.
Au passage, je ne souscris absolument pas à l’affirmation qui prétend que « les paysans » portaient systématiquement des vêtements de « couleurs pisseuses » ou délavées. C’était sûrement vrai pour les vêtements véritablement usés portés par les plus pauvres, mais c’est ignorer le marché de l’occasion, d’une part. Les vêtements en général se transmettaient, faisaient l’objet de dons. Ceux passés de mode pouvaient se revendre, se retourner et se retailler (cela se faisait d’ailleurs il n’y a pas si longtemps, avant les textiles synthétiques de piètre qualité, lorsqu’il y avait encore des couturières de quartier et que les vêtements n’étaient pas systématiquement produits de façon industrielle, lorsqu’il était normal repriser un accroc voire de rapiécer, de recoudre des boutons, de changer un col usé, etc. En 2023, les ignorants en couture sont légion, la confection très bon marché, et il n’est pas rare de voir des fashionistas se débarrasser d’un vêtement plutôt que d’en changer la fermeture à glissière).
Et c’est d’autre part ignorer que même les moins fortunés faisaient des efforts pour investir dans des textiles de qualité. Peut-être que cette affirmation à propos de « couleurs pisseuses » a été vraie, pour quelques périodes ou en quelques lieux, mais il y a pléthore de contre-exemples tendant à prouver que le fade et le pisseux font surtout partie du folklore et de l’imaginaire populaire[17]lire le résumé d‘un article de Lluis To Figueras dans « Le nécessaire et le superflu. Le paysan consommateur dans l’Europe médiévale et moderne, in 36èmes Journées internationales d’histoire de l’abbaye de Flaran (17-18 octobre 2014) » ainsi que le texte complet de cet autre article « Drapers and tailors. Fashion and consumption in medieval Catalonia » et cet autre » « Wedding trousseaus and cloth consumption in Catalonia around 1300« , The Economic History Review, 69/2, 2016, p. 522-547. », tous disponibles en ligne
Si la chimie des couleurs vous intéresse, vous trouverez sûrement votre bonheur en ligne sur le blog de Micky ainsi que dans sa boutique, L’Atelier de Micky, pour passer à la pratique si vous l’osez.
Une étape méconnue, qui n’est actuellement plus pratiquée (et qui invalide une bonne partie des tentatives de « reconstitution » du hobby) est celle du foulage ou foulonnage : elle va achever de dégraisser totalement la laine mais aussi la feutrer en la frottant dans un bain d’eau boueuse de « terre à foulon », une argile fine dite smectique[18]https://fr.wikipedia.org/wiki/Terre_%C3%A0_foulon. On a foulé en piétinant, on a également battu la laine avec des sortes de maillets ou de gourdins (le « bâton de foulon » qui a servi aux bourreaux de saint Jacques le Mineur par exemple), et on a également utilisé la force hydraulique dans des moulins à foulon dès le XII° s.
Plus le fil de trame sera poilu et épais (donc constitué de fibres courtes, plus nombreuses et dont plus d’extrémités sont plus susceptibles de sortir de la torsion), plus le tissu sera sensible au foulonnage et plus sa surface au final sera unie, étanche et mate.
Le feutrage sera plus dense et plus efficace avec le succès des fibres courtes de la race sélectionnée du Mérinos et l’autorisation d’utiliser le fil de fibres courtes en chaîne aussi bien qu’en trame. Le feutrage intense sur des fils poilus masque fortement l’armure du tissage ainsi que les motifs, ce qui expliquerait la raréfaction des étoffes de laine à motifs avec la diffusion de la combinaison « fibres courtes de mérinos – cardes métalliques – roue à filer – moulin à foulon ».
Le drap foulonné a rétréci. Il doit être étiré et mis à sécher sur des supports spéciaux permettant de le tendre pour qu’il retrouve une surface satisfaisante, régulière, bien lisse, avant d’être examiné soigneusement (img. 38). L’étirage met le drap à rude épreuve et pour ceux constitués de fibres courtes donnant un fil plus fragile, les draps sont tissés plus larges afin de devoir moins les étirer pour obtenir une largeur règlementaire[19]in Boris Bove, « Une sombre affaire de teinturerie : organisation corporative et territoires de production à Saint-Denis à la fin du xive siècle », Médiévales [En ligne], 69 | automne 2015, mis en ligne le 30 novembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/medievales/7611 ; DOI : https://doi.org/10.4000/medievales.7611.
Le drap foulonné peut éventuellement subir un nouveau bain de teinture, comme Dominique Cardon l’a déterminé en étudiant les échantillons des archives Datini (cette teinture ne prend pas à coeur et est repérable sur la tranche des échantillons).
Une fois à la bonne couleur, convenablement foulonné et sec, le drap va subir les deux dernières étapes de finition : le grattage aux cardes végétales (le terme moderne pour cette étape qui a perduré est le « lainage ») puis l’écimage des fibres hérissonnées.
Le drap est tendu verticalement et des cardeurs vont le gratter soigneusement et uniformément sur au moins une face (parfois les deux) avec des outils (img. 39) constitués d’un assemblage de cardères ; les cardères sont les capitules (les fruits) d’une plante qui, au final, ne fait pas partie de la famille des chardons Dipsacus sativus (cultivée) ou Dipsacus fullonum (sauvage)[20]https://gallica.bnf.fr/blog/27092021/la-cardere-foulon?mode=desktop. Sur les représentations, les cardeurs brossent des deux mains à la fois.
L’opération consiste à tirer délicatement les fibres dont les extrémités sortent de la torsion des fils, et qui ont été soigneusement emmêlées lors du foulonnage. L’étoffe prend alors un aspect velouté et mat, très doux.
L’ultime étape de finition du drap de laine est celle de la tonte du velours créé par le cardage, afin d’en uniformiser la hauteur. On dit aussi « parer ». Elle se réalise à l’aide de grandes forces à bout carré, sur une étoffe maintenue bien à plat sur une table. Sur les illustration les plus récentes, on distingue nettement de petites agrafes maintenant le tissu tendu. Les forces sont maintenues au poignet du pareur.
Les fabrications réputées signent leurs productions en y apposant un sceau métallique attestant de l’origine du rouleau produit. Ces sceaux en plomb peuvent être apposés à différents stades de production, entre la fin du tissage et le parage.
A la fin du XV° s., à Rouen, il faut environ 5 semaines pour dérouler toute la chaîne opératoire[21]§ 12, Abraham-Thisse, Simonne, L’exportation des draps normands au Moyen Age, in La Draperie en Normandie du XIII° au XX° siècle, Beschia, Alain (dir) .
Et voilà ! le drap est prêt pour la vente par les drapiers et pour sa transformation par les tailleurs.
Si vous voulez vous faire une idée des outils nécessaires à quelques étapes de production, je suggère de consulter ces Inventaires après décès d’artisans de la draperie, à Elbeuf.
Vous pourrez voir des réchauds à peignes du XVI° s. dans cet article :
François Renel et Aurélia Alligri, « La préparation des fibres de laine. Des réchauds de cardeur du XVIe siècle à Marly-la-Ville (Val-d’Oise) », Archéopages [En ligne], 49 | 2023, mis en ligne le 10 janvier 2024, consulté le 24 janvier 2024.
URL : http://journals.openedition.org/archeopages/16013 ;
DOI : https://doi.org/10.4000/archeopages.16013
Notes
⇧01 | Roch, Jean-Louis, Un autre monde du travail. La draperie en Normandie au Moyen Âge, Mont-Saint-Aignan. PURH 2013 https://books.openedition.org/purh/5460 |
---|---|
⇧02 | la laine étant un excellent isolant, l’excès de toison sur un mouton finissant par feutrer peut conduire à sa mort en l’empêchant de réguler sa température par temps chaud |
⇧03 | il s’agit d’une paire de lame tranchantes unie par un talon commun faisant ressort : le seul geste à effectuer est de fermer les lames à pleines mains, l’ouverture est assurée par le ressort, ce qui demande deux fois moins d’efforts qu’avec une paire de ciseaux emprisonnant les doigts https://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_%28outil%29 |
⇧04 | les fils de chaîne sont les fils installés sur le métier, qu’il faudra soulever alternativement pour y entrecroiser le (ou les) fil(s) de trame propulsé(s) via une navette |
⇧05, ⇧10 | c’est à dire le rythme l’entrecroisement perpendiculaire des fils |
⇧06 | https://www.aefek.fr/wa_files/przyluski02.pdf |
⇧07 | « Sardanapale, le treizième en succession de Ninus, qui fonda l’empire, et le dernier roi des Assyriens, surpassa tous ses prédécesseurs en luxe et en mollesse. Jamais vu par un homme extérieur au palais, il vécut la vie d’une femme et dépensait ses jours en compagnie de ses concubines, filant le tissu pourpre et travaillant la plus douce des laines. Il revêtit l’habit féminin et se couvrit la face et son corps entier avec des crèmes blanchissantes et des onguents utilisés par des courtisans, le rendant plus délicat que n’importe quelle courtisane. Il prit soin de rendre sa voix féminine au cours de beuveries […] » – https://fr.wikipedia.org/wiki/Sardanapale_(souverain_mythique) |
⇧08 | page 38 in Cardon Dominique. Des toisons aux étoffes, la deuxième vague d’innovations dans l’industrie lainière médiévale. In: L’innovation technique au Moyen Âge. Actes du VIe Congrès international d’Archéologie Médiévale (1-5 Octobre 1996, Dijon – Mont Beuvray – Chenôve – Le Creusot – Montbard) Caen : Société d’Archéologie Médiévale, 1998. pp. 35-42. (Actes des congrès de la Société d’archéologie médiévale, 6) www.persee.fr/doc/acsam_0000-0000_1998_act_6_1_1111 |
⇧09 | https://fr.wikipedia.org/wiki/Lisse_(tissage) |
⇧11 | terme qu’une certaine blogueuse utilise tel que sans le traduire, peut-être par ignorance de ce qu’il désigne réellement |
⇧12 | comme à Reims en 1292, page 21 in « Demaison Louis. Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1928, tome 89″. pp. 5-39. DOI : https://doi.org/10.3406/bec.1928.448812 www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448812 |
⇧13 | Cardon Dominique. Échantillons de draps de laine des Archives Datini (fin XIVe siècle, début XVe siècle). Analyses techniques, importance historique. In: Mélanges de l’École française de Rome. Moyen-Age, tome 103, n°1. 1991. pp. 359-372. https://www.persee.fr/doc/mefr_1123-9883_1991_num_103_1_3158 |
⇧14 | page 25, in « Demaison Louis. Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1928, tome 89″. pp. 5-39. DOI : https://doi.org/10.3406/bec.1928.448812 www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448812 |
⇧15 | page 25, in « Demaison Louis. Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1928, tome 89″. pp. 5-39. DOI : https://doi.org/10.3406/bec.1928.448812 www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448812 |
⇧16, ⇧19 | in Boris Bove, « Une sombre affaire de teinturerie : organisation corporative et territoires de production à Saint-Denis à la fin du xive siècle », Médiévales [En ligne], 69 | automne 2015, mis en ligne le 30 novembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/medievales/7611 ; DOI : https://doi.org/10.4000/medievales.7611 |
⇧17 | lire le résumé d‘un article de Lluis To Figueras dans « Le nécessaire et le superflu. Le paysan consommateur dans l’Europe médiévale et moderne, in 36èmes Journées internationales d’histoire de l’abbaye de Flaran (17-18 octobre 2014) » ainsi que le texte complet de cet autre article « Drapers and tailors. Fashion and consumption in medieval Catalonia » et cet autre » « Wedding trousseaus and cloth consumption in Catalonia around 1300« , The Economic History Review, 69/2, 2016, p. 522-547. », tous disponibles en ligne |
⇧18 | https://fr.wikipedia.org/wiki/Terre_%C3%A0_foulon |
⇧20 | https://gallica.bnf.fr/blog/27092021/la-cardere-foulon?mode=desktop |
⇧21 | § 12, Abraham-Thisse, Simonne, L’exportation des draps normands au Moyen Age, in La Draperie en Normandie du XIII° au XX° siècle, Beschia, Alain (dir) |
Le traitement moderne de la laine de mérinos : https://www.youtube.com/watch?v=YwRbyTCqOQY
Fileresse à main gauche : https://realonline.imareal.sbg.ac.at/detail/nr-005879
Enfin un bon résumé de la fabrication des draps au moyen-âge. Merci de l’avoir partagé.
Je fais partie d’une compagnie médiévale de reconstitution de la vie quotidienne au moyen-âge, la Compagnie des Tours à Fribourg en Suisse (www.les-tours.ch). Nous présentons lors de fêtes médiévales toutes les étapes de la fabrication des draps de Fribourg en Suisse au XVe siècle, activité ayant contribué à la richesse de cette ville. Nos sources sont principalement les ordonnances de notre ville et bien évidemment les recherches de Dominique Cardon avec qui j’ai eu de nombreux échanges de courriels.
Si cela vous convient, je serais heureux d’échanger nos expériences dans ce domaine car j’ai un peu l’impression que nous travaillons beaucoup trop dans notre coin sans connaître les autres passionnés de la draperie.
Voici mes coordonnées :
Claude Wantz
Compagnie des Tours
contact@les-tours.ch
Ou sur mon adresse privée
claude.wantz@bluewin.ch
0041 79 480 44 56
J’espère que nous pourrons créer et entretenir ce contact
Bien cordialement
Claude Wantz
Bonjour Claude et merci pour ce commentaire :). Je regrette d’avoir peu de temps en ce moment à consacrer à mes « recherches » et à ce blog, mais je note précieusement votre gentille offre.
PS : la validation de ce commentaire a rendu vos coordonnées visibles. Si vous souhaitez les neutraliser, n’hésitez pas à me le signaler.